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Người Vô Sản

Kinh nghiệm tuổi già - Triết lý cuộc sống - Triết lý Đạo Phật - Năng Lượng Tự Nhiên

Choisir entre le candidat de la xénophobie et celui de la République !

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Le second tour de l'élection présidentielle du 6 mai prochain a pris un nouveau visage. À mes yeux, et je le dis ex abrupto, ce duel politique, n'opposera plus un candidat de droite à un candidat de gauche. Désormais, le face-à-face n'est plus entre l'UMP et le PS, mais bien entre le candidat de la xénophobie et celui de la République.

 

En franchissant les lignes jaunes, les unes après les autres, en pénétrant sans état d'âme dans les zones grises, en piétinant la bienséance républicaine, en stigmatisant les syndicats, ces affreux "corps intermédiaires", pourtant nécessaires dans toute démocratie qui se respecte, en opposant un prétendu "vrai travail" aux travailleurs et aux chômeurs, en désignant les Français d'origine étrangère et l'immigration comme bouc-émissaire et sources de problèmes à venir, en montrant du doigt l'islam, en le caricaturant et en le présentant comme un danger pour la "civilisation française", en faisant tout simplement dans la xénophobie et le discours nauséeux, Nicolas Sarkozy n'est plus le candidat de la droite républicaine, qu'il a lui-même enterrée, mais celui d'une droite extrême, beaucoup plus proche du Front national que du gaullisme ou de la droite chiraquienne.

 

Qui peut aujourd'hui douter, non pas de cette droitisation du discours, mais de son extrême droitisation? Les mêmes propos, les mêmes proses, les mêmes ressorts idéologiques, s'ils avaient été utilisés par Marine Le Pen, auraient, en d'autres temps, suscité un tollé général, y compris à droite. Mais aujourd'hui, par sectarisme, par calcul politique, par lâcheté aussi, beaucoup préfèrent ce silence infâme à une nécessaire dénonciation de cette logique jusqu'au-boutiste choisie par un candidat qui n'hésite plus à susciter les haines, les peurs et les divisions dans l'unique but de se faire réélire. Au lieu de prendre le risque de perdre l'élection dignement, le président sortant préfère prendre le risque de perdre à la fois l'élection et son honneur. Peu chères à ses yeux, les valeurs de la République pour qu'elles soient ainsi bradées contre l'espoir de recueillir quelques dizaines de milliers de voix!

 

Et d'autre part, ou sont les Juppé, Baroin et Borloo, et tant d'autres, devant cette cascade de discours ayant comme colonne vertébrale la xénophobie? Où sont tous ceux qui, hier encore, se réclamaient du gaullisme et de la droite chiraquienne, bien plus respectables que tous ces adeptes du sarkozysme, les Morano, Luca et Vanneste, qui tentent de justifier l'injustifiable.

 

Elle est décidément bien laide cette France de Sarkozy qui ne sait plus défendre les valeurs qu'elle prétend incarner. Elle est bien laide cette France représentée par ces petits politiciens à la petite semaine, plus soucieux de leur devenir personnel que des valeurs universelles, transformées en simple slogan par les adeptes du sarkozysme. Elle est bien laide cette France qui, comme si elle devenait amnésique, se fait oublieuse des conséquences qu'ont engendré dans un passé, pas si lointain, des saillies similaires à celle de Sarkozy.

 

L'histoire devra retenir que Nicolas Sarkozy aura été le premier président français à avoir légitimé le discours du Front National. Mais il a fait pire. D'une phrase et avec la légèreté qui le caractérise, il a voulu balayer plus d'un demi-siècle de combats contre l'extrême droite.

 

Ne nous y trompons pas, lorsque ce candidat affirme que "Marine Le Pen n'est pas incompatible avec la République", il ne parle pas, car les mots en un sens, de la participation de cette dernière aux élections présidentielles. Sauf à croire que le président de la France ne maîtrise guère les nuances d'une langue qu'il ne cesse pourtant de vanter, à juste titre d'ailleurs, et qui offre la possibilité d'exprimer une pensée avec exactitude; sauf à penser, dis-je, qu'il aurait du mal avec la langue de Voltaire, si sa volonté n'était pas de légitimer le Front National, il aurait pu dire, tout simplement, que "la candidature de Marine Le Pen est compatible avec le droit".

 

En réalité, Nicolas Sarkozy, rompu à la tactique politicienne, voulait tout simplement, avec une sortie plus qu'inopportune, banaliser le Front National, banaliser les idées de ce courant politique afin qu'il puisse, par ailleurs, banaliser son propre discours et espérer ainsi draguer presque naturellement les électeurs de la candidate frontiste.

 

Affirmer que "Marine Le Pen serait compatible avec la République", c'est affirmer, en d'autres termes, car cela ne veut pas signifier autre chose, que l'extrême droite serait compatible avec les valeurs de la République. Cette dernière, la République, précisons-le tout de même en ces temps brumeux, n'est pas un simple mot, une idée vague ou une notion abstraite, mais un corpus idéologique qui renferme des valeurs, une morale, un mode de vie, une philosophie. Et à bien examiner ce corpus, l'on s'aperçoit que celui-ci ne s'accommode guère d'idées extrémistes, tant s'en faut.

 

En effet, depuis quand les idées défendues par l'extrême droite, aujourd'hui défendues, pour certaines, par Sarkozy, sont-elles compatibles avec la République? Le populisme le plus hideux, celui qui divise la société, celui qui oppose les élites au peuple, celui qui désigne les bouc-émissaires et l'ennemi, serait-il compatible avec la fraternité? Le repli sur soi, la peur de l'autre, la logique de stigmatisation sont-ils consubstantiels à la République? Ce discours détestable qui nous parle de "préférence" nationale ou européenne, ce propos qui joue sur les frustrations serait-il vraiment conforme à l'idée que nous nous faisons de la République et de l'égalité? Ce propos infâme qui présente les "étrangers" comme des "profiteurs" et des "assistés" serait-il devenu, par la volonté de l'UMP, conforme aux valeurs républicaines?

 

Au nom de la République, Nicolas Sarkozy joue avec le feu et banalise la xénophobie, enrobant cette approche dans un pseudo débat sur l'immigration. Une autre escroquerie intellectuelle, s'il en est, qui ressemble à cette autre qui avait, par sa volonté, opposé l'immigration à l'identité nationale. Sarkozy est en train de prendre Marianne en otage pour lui faire dire ce qu'elle n'a jamais dit et pour lui faire dire ce qu'elle ne veut surtout pas dire. Ce candidat est en train de violer la République en prétextant qu'il le fait par amour pour elle. Et pendant ce temps, certains se réclamant pourtant des idéaux de celle-ci applaudissent dans la joie et l'allégresse!

 

Oui, je crois vraiment que l'heure du choix est arrivée. Oui je crois que les Français doivent se déterminer entre la xénophobie et la République. Des associations ou des personnalités de la société civile ont déjà publiquement exprimé leur position. Et il faut saluer leur courage.

 

Désormais, le silence et la retenue ne sont plus possibles. La société civile, dans son ensemble, doit se manifester. Les républicains se doivent d'assumer leurs responsabilités, car la situation est beaucoup plus grave que celle qui avait prévalu en 2002.

 

À l'époque, Jean-Marie Le Pen n'avait aucune chance de remporter l'élection. Aujourd'hui, la xénophobie risque vraiment de se retrouver à l'Élysée sous les allures d'un candidat de droite et, ensuite, à l'Assemblée Nationale, sous les couleurs de l'UMP et du FN, les deux pôles d'une même haine.

 

 


Paris, 27/04/2012

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